Le Petit Poucet

<<Ma bohème>>(1870) Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées; Mon paletot soudain devenait idéal; J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal; Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées! Mon unique culotte avait un large trou. Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon

saveurs de cette fable mythique d’Alphonse Daudet : l’enfance, la soif de liberté, les frustrations, les transgressions, les transformations du corps, les peurs, la joie de vivre et de se croire aussi grand que le monde... Narrateur : André Wilms La petite chèvre : Silke Mansholt et Chiara Collet (en alternance) Direction : Jean Lambert-wild Musique : Jean-Luc Therminarias, Léopold Frey Scénographie : Stéphane Blanquet & Jean Lambert-wild Assistant scénographie : Thierry Varenne Lumières : Renaud Lagier

« la Grande Ourse », « les étoiles », « le bord des routes », « le ciel ». On sait aussi que nous sommes en septembre mais sans plus de précisions. Donc l’auteur a jugé inutile de nous informer sur l’espace-temps. Le poète se décrit lui-même « Petit Poucet rêveur ». Cette évocation au conte de fée relie le poète à l’enfant, à la part d’insouciance qu’il libère grâce à la fugue. On parle de l’enfant qui écoute le « frou frou des étoiles » : le grand rêveur la tête dans les nuages. Le jeune vagabond

contrasté que Rimbaud fait de lui-même, changeant, éclaté. Montre 4 visages de lui-même : - un mendiant, vagabond : « mes poches crevées », « mon unique culotte avait un large trou », « assis au bord des routes » - un enfant : vocabulaire enfantin (« Petit Poucet rêveur », « frou-frou », « culotte »), innocence - un poète : ch. Lexical de la poésie et thèmes lyriques (« lyre », « Muse », « j'égrenais dans ma course des rimes », « amours splendides », « fantastiques ») - un révolté, un rebelle : « trou »

ravie, Forêts, soleils, rives, savanes ! - Il s'aidait De journaux illustrés où, rouge, il regardait Des Espagnoles rire et des Italiennes. Quand venait, l'œil brun, folle, en robes d'indiennes, À Huit ans, - la fille des ouvriers d'à côté, La petite brutale, et qu'elle avait sauté, Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses, Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses, Car elle ne portait jamais de pantalons ; - Et, par elle meurtri des poings et des talons, Remportait les

soudaine », « bête qu’on éventre », « duperie », « piège », « perfidie atroce », « sauvage des agression ». On voit bien que ce souvenir est un traumatisant chez l’enfant, il est la victime des adultes qui font de lui un objet : « Viens, mon petit coco. On va jouer à faire la cuisine. » Cette phrase écrit au discours direct est un souvenir bien réel qui touche personnellement le narrateur. Tout au long du texte les événements se succèdent et l’enfant se sent oppressé. L’anecdote se passe lorsque

La délivrance Seigneur guéris-moi De toutes mes blessures narcissiques Je te croyais si grand Je t'espérais si fort J'étais si petite Avec tout ce qu'on me racontait sur Toi pendant mon enfance Ça me faisait peur J'avais une impression terrible dans mon imagination Je te suppliais de venir me délivrer de mes fautes Tu étais tantôt effrayant et culpabilisant Et à un autre temps Je me sentais moins seule Avec Toi à aimer Le temps a passé Je t'avais

cher enfant, grande vertu de moi, la rente, De mon effort de charité, nous, fleurs de lys ! On te dit mort… Mort ou vivant, sois ma mémoire ! Et qu’on ne hurle donc plus que c’est de la gloire Que je m’occupe, fou qu’il fallut et qu’il faut… Petit ! mort ou vivant, qui fis vibrer mes fibres, Quoi qu’en aient dit et dit tels imbéciles noirs Compagnon qui ressuscitas les saints espoirs, Va donc, vivant ou mort, dans les espaces libres ! Paul Verlaine Dit de la force de l’amour Entre

(Fantaisie) Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal : J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. − Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. − Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée

en contemplant le ciel, immense horizon qui s'offre à lui et est synonyme de liberté. En s'assimilant à un pauvre orphelin il redevient l'enfant effaré regardant le boulanger par le soupirail. Il reprend l'image du petit Poucet perdu dans la forêt mais ses repères ne sont pas des petits cailloux mais les étoiles dans le ciel. Ce ciel le nourrit, la grande ourse lui rappelle une auberge. Cette marche sans destination précise est probablement le souvenir de sa fugue de 1870 qui l'a conduit de Charleville