Rimbaud
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal :
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
− Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
− Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
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Lexique remonter interprétations commentaire bibliographie
paletot : mot ancien pour veste ou manteau (aujourd'hui, s'est spécialisé pour désigner une forme de pardessus court). "On retrouve dans la revue vestimentaire, cette caricature où Verlaine représente son ami, la pipe à la bouche, marchant dégingandé à grandes enjambées, les épaules en portemanteau, les mains engoncées dans sa veste; ou encore cette phrase dans une lettre du 12 novembre à Izambard qui le montre les poings déjà serrés dans l'attitude de la résolution : "Allons, chapeau, capote, les poings dans les poches et sortons" (Marie-Paule Berranger, op. cit. p.62). "Rimbaud pense peut-être, commente Steve Murphy (op. cit. 2004, p.128), au paletot de Schaunard dans les Scènes de la vie de Bohême de Murger, intertexte qui pouvait venir spontanément à l'esprit du lecteur de 1870 :
Il se disposait à vêtir un paletot dont l'étoffe, primitivement à longs poils, était atteinte d'une profonde calvitie [...] Il était vêtu d'un paletot noisette à pèlerine, dont l'étoffe, réduite à la trame, avait les rugosités d'une râpe. Des poches béantes de ce paletot s'échappaient des liasses de