Prof. Toufik Rahmouni

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Thème : L’action collective

Source : Jacques Lagroye, Sociologie politique, Dalloz, 2002

LES MOBILISATIONS

Une mobilisation d'individus ou de groupes d'individus, appa­raissant unis par une revendication commune, est une forme d'action collective qui n'est pas spécifiquement politique. Comme on l'a dit, c'est la signification qui lui est attribuée (par les acteurs eux-mêmes et/ou par des interprètes autorisés) qui permet éventuellement de la qualifier de «politique ». Aussi convient-il de considérer d'abord les mécanismes qui sont généralement en œuvre dans les mobilisations.

A | L'ACTION COLLECTIVE
ET SA SIGNIFICATION POLITIQUE

1/ Les conditions de l'action collective

Un groupe d'individus mobilisés apparaît au premier abord comme un ensemble agissant en fonction d'intérêts communs, à partir de motivations identiques, et pour un objectif partagé par tous. Cet « acteur collectif» se voit ainsi prêter une identité spécifique, qui seule est censée rendre compte de son action1. On comprend aisé­ment que, dans cette perspective, la recherche se soit essentiellement attachée à l'étude des caractéristiques du groupe, négligeant quelque peu la question des motivations et des prédispositions individuelles à participer à une action collective. D'une manière générale, il appa­raît que les groupes les plus aptes à se mobiliser pour la défense de leurs intérêts ou d'une cause à laquelle ils s'identifient sont ceux qui sont déjà fortement structurés par des réseaux de solidarité, par la pratique habituelle de relations complexes dépassant le simple niveau des transactions épisodiques et instrumentales. Toute mobi­lisation implique un minimum d'organisation que les mécanismes sociaux routiniers permettent ou au contraire rendent improbable :
« Les acteurs sociaux n'auront de chance de témoigner de cette confiance et de cette loyauté indispensable au succès, voire même à la création d'une organisation, que s'ils en ont déjà