Ce qui est le plus troublant dans ce roman, c’est la manière avec laquelle Orwell décrit l’emprise du Parti, le pouvoir du régime totalitaire dans cet univers « futuriste » : enlèvements, espionnage, abolition de la vie privée,… Mais Orwell va bien plus loin. En effet, il va jusqu’à imaginer un concept selon lequel la pensée de chacun serait sous l’emprise dudit Parti. Ce concept, à la fois ingénieux et terrifiant, s’appelle la « double pensée ». Mais qu’en est-il exactement et surtout, comment cela est-il possible ?
Tout d’abord, il faut savoir que le mot « double pensée » est un mot novlangue, la langue officielle de l’Océania inventée pour répondre aux besoins de l’Angsoc (le parti au pouvoir) dont la particularité est que le nombre de mots diminue sans arrêt. Le but étant de restreindre les limites de la pensée (but recherché par l’Angsoc). En effet, une fois les mots « gênants » supprimés, il sera littéralement impossible de commettre un « crime par la pensée » car il n’y aura plus de mot pour l’exprimer.
Mais revenons-en à la signification même de la double pensée. Selon Orwell, c’est « persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer ». Autrement dit, c’est garder à l’esprit deux pensées contradictoires et les accepter toutes deux, tout en étant capable d’en oublier une (lorsque c’est nécessaire) et d’oublier ensuite que l’on vient d’oublier. Mais pourquoi une telle manipulation de l’esprit ?
Comme le dit un des slogans de l’Angsoc, « ceux qui contrôlent le passé, contrôlent le présent ». Or, on a pu constater que le Parti contrôlait déjà le passé en manipulant l’histoire (voir résumé). C’est pourquoi les membres du Parti appliquent la double pensée ; s’ils ne l’appliquaient pas, ce serait admettre qu’ils falsifient l’histoire. De plus, comme le passé est manipulé, il n’y a plus de termes de comparaison et tous tolèrent donc les conditions du Parti.
Finalement, tout est mis en œuvre