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L'interprétation d'"Enfance IV" dépend étroitement du sens que l'on accorde à ce tournant du texte qui intervient au début du quatrième alinéa, avec l'introduction du mode conditionnel : "Je serais bien l'enfant abandonné [...]". Il semble que le poète, cherchant sa véritable identité, rejette là dans l'imaginaire, comme étant des mythes de son premier âge, les trois figures évoquées par le début du texte : l'homme de foi, l'homme de science, l'homme errant, et choisisse finalement de se reconnaître dans le cliché de l'enfance orpheline et vagabonde. Jadis, nous dit-il, je me croyais (ou je me voyais devenir) un saint, un savant, un vagabond sans feu ni lieu ("le piéton de la grand'route") ... mais il se pourrait bien (valeur hypothétique du conditionnel) que je sois seulement un enfant abandonné, perdu dans l'infini de la mer et du ciel.
L’anaphore met en relief le verbe "être" conjugué à la première personne du singulier, d'abord à l'indicatif présent puis au conditionnel présent (« je suis / je serais »). L’apparition du « je » semble indiquer un thème autobiographique.
Le "je" qui s'exprime dans les trois premiers alinéas n'est pas tout à fait le même que celui qui parle à la fin du texte. Le premier est celui de l'enfant qui s'imagine (valeur d'actualisation du présent de l'indicatif) être ceci ou cela. Le second est l'auteur des Illuminations qui ne désire certes plus être un saint, qui sait qu'il n'est pas un savant et qui sent bien qu'il n'est pas vraiment non plus le "piéton" bucolique et insouciant. Non, il n'est décidément qu'un enfant désemparé, que son destin conduit vers une sorte de "fin du monde", cette mort prématurée.
2. Le poème est constitué de quatre unités narratives. Comment la dernière se distingue-t-elle formellement des autres ?
Quatre alinéas composent Enfance IV. Les trois