Aimé césaire
Introduction
De par ses origines martiniquaises, Aimé Césaire prend rapidement conscience du désastre économique et culturel qu'engendre le colonialisme dans son pays. Dans son long poème en prose, Cahier d'un retour au pays natal publié en 1947 mais composé dès 1938-1939, il apostrophe violemment ses compatriotes pour les convaincre de renouer avec leur culture ancestrale, seul moyen d'envisager pour les Antilles un avenir en rapport avec leurs ressources matérielles et spirituelles. Après avoir examiné les raisons pour lesquelles le poète s'estime investit du droit d'en appeler à la révolte, nous dégagerons les traits caractéristiques de l'opposition qu'il établit entre la situation lamentable du pays colonisé et le réveil plein de bonheur qui suivrait la réhabilitation des valeurs traditionnelles.
Lecture du poème
Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal (1947)
Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t’en je déteste les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance. Va-t’en mauvais gris-gris, punaise de moinillon. Puis je me tournais vers des paradis pour lui et les siens perdus, plus calme que la face d’une femme qui ment, et là, bercé par les effluves d’une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les montres et