Allah n'est pas obligé
Introduction
Avec le développement de la société de consommation, vers la fin des années 1950, se dessine et s’installe le courant de la postmodernité. En plus de la montée de l'individualisme et de la consommation, la perte de confiance envers les institutions constitue un facteur qui influence grandement la littérature de l'époque. Ahmadou Kourouma, un auteur ivoirien, accorde une importance particulière à la critique de la société africaine sous l'emprise des régimes autoritaires. Par la publication de Allah n'est pas obligé en 2000, il propose un roman picaresque. Effectivement, Birahima, le personnage principal, jette un regard critique sur la société à l’intérieur de laquelle il évolue et, comme le picaro classique, il appartient à une classe se situant au bas de l'échelle sociale.
Développement 1
Birahima critique la société qui l'entoure. La première institution qu'il pointe du doigt et sur laquelle il jette un regard empreint de cynisme est la religion : « Allah n'est pas obligé d'être juste dans toutes ses choses ici-bas.», reprend-il à maintes reprises. (p. 7) La négation suivie du verbe «juste» constitue une figure ironique. Dans chacune des grandes religions qui éclairent le monde actuel, une puissance divine juste, bonne et sage est mise en valeur. La justice serait donc une des fonctions premières d'un dieu digne de ce nom. Or, le protagoniste, en affirmant qu'Allah n'a pas toujours le devoir d'être juste, semble plutôt avancer qu'Allah manque quelque fois à son devoir. Peut-on vraiment croire en une religion dont le dieu ne respecte pas ses fonctions premières? La répétition de cette simple phrase (titre et pp. 42, 95, 143, 159, 181, 222) suite à l’avènement d’événements injustes montre que l'idée d'un dieu indigne occupe chaque fois davantage de place dans l'esprit de Birahima, qui perd ainsi peu à peu la foi en l'islam. Aussi, Birahima porte un jugement sévère envers le gouvernement et les chefs