Analyse de lancelot d'aragon
On peut me harceler que suis-je qu’ai-je été
Je me souviens d’un ciel d’un seul et d’une reine
Et pauvre qu’elle soit je porterai sa traîne
Je n’ai pas d’autre azur que ma fidélité
Je suis ce chevalier qu’on dit de la charrette
Qui si l’amour le mène ignore ce qu’il craint
Et devant tous s’assit parmi les malandrins
Comme choisit mourir Jésus de Nazareth
Ma Dame veut savoir que rien ne m’humilie
Par elle demandé tout s’en métamorphose
Elle exige de moi de si terribles choses
Qu’il faut que mon cœur saigne et que mon genou plie
On me verra trembler mais non pas lui faillir
Toujours placer amour plus haut qu’honneur Certain
Que la nuit n’est pas longue à cause du matin
Et je saurai baisser le front pour obéir
Sortir nu dans la pluie et craindre le beau temps
Si je suis le plus fort le plus faible paraître
Me tenir à côté de l’étrier du traître
Et feindre la folie ainsi que fit Tristan
Une poésie inspirée de la morale courtoise.
- Tout d’abord, l’analogie entre la situation de la France à l’époque de Ch. de Troyes et celle de la France de 1941 est frappante. Dans les deux cas la France est divisée, partagée ; deux France s’opposent. Au XIIe siècle, selon que l’on est du Nord ou du Midi, l’on se trouve en pays de langue d’Oïl ou de langue d’Oc, or Ch. de Troyes, comme l’analyse fort bien Aragon dans " La leçon de Ribérac " a le premier fait l’unité de la France en écrivant en langue romane - c’est-à-dire française - une œuvre qui puise ses sources dans la matière de Bretagne tout en promouvant des valeurs qui sont celles de la poésie courtoise des troubadours de la cour d’Aliénore d’Aquitaine. La France de 1941 est curieusement, elle aussi, littéralement coupée en deux : une zone Nord, occupée, soumise au gouvernement de Vichy, une zone libre au Sud. Aragon rêverait-il de refaire à l’instar de son illustre prédécesseur l’unité nationale ?
- On pourrait souligner une autre analogie : tout