André Gide
Issu d'une famille de la bourgeoisie protestante, partageant sa vie entre Paris et la Normandie, André Gide se découvre différent et assume à partir de 1893 son homosexualité lors d'un voyage en Afrique du Nord. Passé par la Suisse pour soigner son état nerveux, il écrit Paludes et, après la mort libératrice de sa mère, épouse sa cousine Madeleine et achève Les Nourritures terrestres, dont le lyrisme est salué par une partie de la critique à sa parution en 1897.
André Gide soutient le combat des Dreyfusards, mais sans militantisme, préférant les amitiés littéraires – Roger Martin du Gard, Paul Valéry ou Francis Jammes –, amitiés qui s'effaceront parfois au fil du temps, comme celle de ses jeunes années, intense et tourmentée, avec Pierre Louÿs. Il crée avec ses amis La Nouvelle Revue française dont il est le chef de file et joue alors un rôle important dans les lettres françaises. Parallèlement, il publie des romans sur le couple comme L'Immoraliste en 1902 ou La Porte étroite en 1909 qui le font connaître. Ses autres romans publiés avant et après la Première Guerre mondiale – Les Caves du Vatican, 1914, délibérément disloqué ; La Symphonie pastorale, 1919, son livre le plus lu, qui traite du conflit entre la morale religieuse et les sentiments ; Les Faux-monnayeurs, 1925, à la narration non linéaire – l'établissent comme un écrivain moderne de premier plan auquel on reproche parfois une certaine préciosité. Cependant, les préoccupations d'une vie privée marquée par la pédérastie assumée et le désir de bousculer les tabous sont à l'origine de textes plus personnels comme Corydon (1920-24), ou Si le grain ne meurt (1926), récit autobiographique qui relate sa petite enfance de grand bourgeois, ses attirances pour les garçons et sa vénération pour sa cousine Madeleine qu'il épousera tout en menant une