Ariettes oubliées
Ariettes oubliées III Il pleut doucement sur la ville. (Arthur Rimbaud.)
Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur?
Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits! Pour un cœur qui s’ennuie Ô le chant de la pluie!
Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s’écœure. Quoi! nulle trahison ? ... Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon cœur a tant de peine!
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VII
Ô triste, triste était mon âme À cause, à cause d’une femme.
Je ne me suis pas console Bien que mon cœur s’en soit allé,
Bien que mon cœur, bien que mon âme Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé, Bien que mon cœur s’en soit allé.
Et mon cœur, mon cœur trop sensible Dit à mon âme : Est-il possible,
Est-il possible, - le fût-il, - Ce fier exil, ce triste exil ?
Mon âme dit à mon cœur: Sais-je Moi-même que nous veut ce piège
D’être présents bien qu’exilés, Encore que loin en allés?
PAYSAGES BELGES
CHARLEROI
Dans l’herbe noire Les Kobolds vont. Le vent profond Pleure, on veut croire.
Quoi donc se sent ? L’avoine siffle. Un buisson gifle L’œil au passant.
Plutôt des bouges Que des maisons. Quels horizons De forges rouges!
On sent donc quoi? Des gares tonnent, Les yeux s’étonnent, Où Charleroi?
Parfums sinistres! Qu’est-ce que c’est? Quoi bruissait Comme des sistres?