Texte A : Aristophane, Les cavaliers (env. 424 avant J.-C.) extrait de l’exposition

(Lepeuple, vieillard personnifiant Athènes, a pris comme intendant un Paphlagonien, habitant d’un pays imaginaire. Ses deux fidèles serviteurs se plaignent, auprès du public et du choeur, du pouvoir qu’il a pris dans la maison. Le chœur est constitué des cavaliers, jeunes aristocrates athéniens, élite de l’armée. Les deux fidèles serviteurs portent le nom de deux généraux, Nicias et Démosthène, vrais démocrates, tandis que le Paphlagonien est la caricature de Cléon, orateur violent et belliciste)

NICIAS

Le patron que nous avons est un rustre d’humeur, croqueur de fèves , quinteux . C’est Lepeuple, de Pnyx , un petit vieux acariâtre et dur d’oreille. A la dernière foire, le voilà qui achète un esclave, un tanneur paphlagonien, fieffée canaille, fieffé menteur. Le temps pour notre homme d’avoir débrouillé les ressorts du vieux, et le voilà à plat ventre devant le patron, et je te chatouille, et je te cajole, et je te paphlagorne , et je te berne à force de rognures de bouif ! Il lui dit : « Lepeuple, tu as jugé une seule affaire, c’est suffisant : va d’abord prendre ton bain, et puis empiffre-toi, bouffe, bâfre : voilà ton allocation. Veux-tu que je te serve à dîner ? » Alors il rafle quelque chose que l’un de nous a préparé, et ça y est, c’est au Paphlagonien que le patron doit cette gentillesse. L’autre jour à Pylos, j’avais préparé des œufs de Sparte pour une omelette : comme une fieffée canaille qu’il est, il rôde autour, les chipe – et c’est lui qui les a servis ! C’est pourtant moi qui les avais battus ! Il nous tient à distance du patron, ne le laisse soigner par personne d’autre, et pendant ses repas, un chasse-mouche à neuf queues en main, il balaie… les orateurs. Il lui chante des oracles, le vieux en devient… sibyllique