Aristote
ARISTOTE POLITIQUE/S Livre I chapitre1
Chapitre 1
Aristote cherche à cerner la spécificité de la polis, la communauté politique. Définir, c’est cerner ce qu’est précisément une réalité donnée, c’est-à-dire indiquer sa différence spécifique (= d’espèce) au sein d’un genre. Par exemple, homme par rapport au genre animal peut être défini comme animal politique, car il y a d’autres animaux dans le genre, mais lui seul a cette caractéristique. Aussi Aristote se préoccupe-t-il d’abord de situer la cité par rapport à d’autres communautés (§ 1) et d’indiquer quelles erreurs naissent de la confusion entre des communautés différentes (confusion des pouvoirs politique, royal, économique, despotique), qui renvoie à la confusion famille/Etat (§ 2).
§ 1 Cerner le politique par rapport à ce qui n’est pas lui, c’est préciser de quelle sorte de communauté il s’agit. Il peut y en avoir d’autres : communauté familiale ou domestique, économique, etc. Mais c’est par cet angle qu’il faut l’aborder car ce qui fait un Etat, ce n’est pas le nombre de ses membres ni l’étendue de son territoire, puisque, même s’il y a un minimum requis, la taille peut varier : c’est dire qu’elle n’est pas essentielle. De même, je ne peux l’aborder directement par la notion de pouvoir ou de constitution car l’organisation en est variable. Il faut donc partir de ce qui le caractérise : la dimension collective, la réunion d’individus. C’est un tout composé d’une multiplicité d’éléments qui ne sont pas simplement juxtaposés les uns aux autres, mais bien structurés, unis, un tout, conçu comme unité de composition, puisque ces éléments forment une réalité nouvelle ne se ramenant pas à ses éléments, tout comme un corps vivant est plus que l’addition de parties, ou la syllabe BA, plus et autre chose que les lettres B et A prises séparément, à la différence d’un troupeau ou d’un sac de billes qui ne sont qu’un rassemblement d’éléments non unifiés.
Or