Arthur rimbaud
Rimbaud connut un heureux printemps, faisant de longues promenades au bois d’amour ou sous les marronniers des allées de la ville. La sève montait : il fut amoureux, écrivit de légers poèmes. Il en recopia vingt-deux dans un cahier qu’il confia à son ami, Paul Demeny, poète également. Le 24 mai 1870, il en envoya trois à Banville, le poète « moderne » du moment, disant dans sa lettre : « Je me suis mis, enfant touché par le doigt de la muse, pardon si c’est banal, à dire mes bonnes croyances, mes espérances, mes sensations, toutes ces choses des poètes, moi j’appelle cela du printemps. » Il disait souhaiter se faire « une petite place entre les parnassiens». Banville répondit, mais ne retint aucun de ces textes, depuis devenus célèbres :
____________________________________________________________
_____________________
‘’Soleil et chair’’
(1870)
Poème
Commentaire
‘’Ophélie’’
(1870)
Poème
Commentaire
Ce fut un sujet de vers latins que Rimbaud traita aussi en vers français. Malgré des réminiscences (Shakespeare, Chénier) et des imitations reconnaissables, romantiques ou parnasiennes (Chateaubriand, Hugo, Banville [‘’La voie lactée’’ dans ‘’Les cariatides’’], Leconte de Lisle), le poète, qui connaisaait aussi probablement le tableau du peintre préraphaélite anglais Millais, ‘’Ophélie’’, créa un mythe irréel dans lequel Ophélie se fond et se confond avec la nature car elle a su échapper au réel. Mais sa tentative l’a fait mourir. Elle accède intemporellement à une nature transcendante, aux