Autorité à l'école
Une approche weberienne du pouvoir des enseignants
Franck Léonard
Une part importante des propos tenus aujourd’hui sur l’enseignement mentionne l’autorité du professeur comme qualité personnelle et l’exercice de cette autorité comme condition préalable à toute action pédagogique. Les candidats aux concours de recrutement d’enseignants et les enseignants s’interrogent sur ce qui apparaît être un fondement du métier : l’autorité. Le compte-rendu ici présenté est celui d’une investigation conduite par questionnaires auprès de Professeurs des écoles (PE) en formation à l’IUFM d’Aquitaine durant l’année universitaire 2004-2005. Il n’a pour autre ambition que de mettre en rapport des représentations de l’autorité chez ces jeunes enseignants et des manières qu’ils ont d’exercer cette autorité en classe, c’est à dire de « construire un ordre scolaire » (Rayou, Van Zanten, 2004).
La première partie de notre propos donnera un aperçu de la complexité du terme d’autorité, de la diversité des analyses auxquelles il se prête et des acteurs en jeu. En rendant compte de l’enquête menée et des analyses partielles que nous en faisons, la deuxième partie tentera de décrire les représentations sociales (Jodelet, 1989) de l’autorité des professeurs interrogés, les pratiques qu’ils mettent en œuvre et l’adéquation représentations/pratiques.
Un peu d’autorité
Issus du verbe latin augeo qui signifie augmenter, aider à se développer, les substantifs auctor (garant, modèle, source, promoteur, compositeur) et auctoritas (garantie, exemple, influence, qui impose la confiance) ont donné en français les noms d’auteur et d’autorité. Etymologie n’est pas raison et les mots évoluent au long de leur histoire. Pourtant on aperçoit combien la parenté est étroite entre ces deux noms et reflète deux sens complémentaires : faire autorité (par ses connaissances) et avoir de l’autorité (par la confiance qu’on inspire). On