Aux frontières du genre
Les genres littéraires. Yves Stalloni
La classification générique a eu à souffrir de diverses remises en cause menées au nom de la liberté de création, du droit au mélange et du refus des rigidités taxinomiques.
I. Le genre éclaté
- Impossible de limiter l’expression de notre littérature aux trois grandes formes du modèle grec.
- cent entrées dans le Dictionnaire des littératures de langue française à la rubrique « genre ».
- problème pour classer car évolution des goûts et des modes amène des genres à disparaître et d’autres à naître. Tomachevski dans Théorie de la littérature : « on ne peut établir aucune classification logique et ferme des genres : leur distinction est toujours historique, c'est-à-dire justifiée uniquement pour un temps donné ».
-dès qu’une forme littéraire se développe suffisamment pour accéder au statut de « genre », elle secrète des ramifications nouvelles, les « sous-genres », qui à leur tour peuvent se scinder.
-en poussant à l’extrême les opérations de disparité, nous pourrions aboutir au cas limite où chaque œuvre fonde un cas particulier.
II. Le genre en procès a) le mythe de l’œuvre unique -Une des caractéristiques du genre, c’est la loi du genre. Le genre ne peut exister que s’il regroupe de nombreuses œuvres sous ce label. L’écrivain deviendrait donc le continuateur d’une forme dont il hérite et ne choisirait d’écrire qu’en fonction des catégories préétablies de ses prédécesseurs ou ses contemporains. - Impossibilité car sinon aucune originalité possible. Les époques qui se cantonnent à des modèles codifiées par des théoriciens : XVIIIe, et surtout romantisme. L’œuvre moderne : dimension inclassable, unique, voire transgressive. Hugo dans la préface des Odes et Ballades : « La pensée est une terre vierge et féconde dont les productions veulent croître librement […] sans se classer, sans s’aligner en plates-bandes comme des bouquets dans un jardin classique ». Baudelaire et