Bac francais
SÉRIE ES /S Objet d'étude : la poésie.
Textes :
Texte A : Charles-François Panard, « Le Verre », Théâtre et œuvres diverses, 1764.
Texte B : Charles Baudelaire, « Les fenêtres », Petits Poèmes en prose, édition posthume 1869.
Texte C : Jean Follain, « Quincaillerie », Usage du temps, 1943.
Texte D : Francis Ponge, « L'œillet », La Rage de l'expression, 1952.
Texte E : André Wexler, « Le chiffon », Récifs, 1983. Texte A : Charles-François Panard, « Le Verre », Théâtre et œuvres diverses, 1764. Le Verre
Nous ne pouvons rien trouver sur la terre,
Qui soit si bon, ni si beau que le verre.
Du tendre amour berceau charmant,
C'est toi, champêtre fougère1
C'est toi qui sers à faire
L'heureux instrument
Où souvent pétille,
Mousse et brille,
Le jus qui rend
Gai, riant,
Content.
Quelle douceur
II porte au cœur !
Tôt,
Tôt,
Tôt,
Qu'on m'en donne,
Qu'on l'entonne ;
Tôt,
Tôt,
Tôt,
Qu'on m'en donne
Vite et comme il faut ; L'on y voit, sur ces flots chéris,
Nager l'Allégresse et les Ris2.
1 - Fougère : la cendre de fougère entrait autrefois dans la composition et la fabrication du verre.
2 - Les Ris : les rires (terme vieilli). Texte B : Charles Baudelaire, « Les fenêtres », Petits Poèmes en prose, édition posthume 1869. Les fenêtres Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. Par-delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de