Barbara
Le poète est témoin de la scène et il prend parti pour les amoureux, comme le montre le tutoiement de proximité utilisé avec insistance depuis le début. Cette communion du poète avec les jeunes amants fait partie de la thématique prévertienne comme par exemple dans le poème « Les enfants qui s’aiment ». L’anaphore « Rappelle-toi Barbara » traduit cette complicité mais le rayonnement de l’amour est si puissant qu’il transfigure la nature elle-même à partir du vers 31 : l’image de la pluie n’est plus la banale représentation du climat océanique mais l’expression du bonheur amoureux qui inonde de sa force toute la nature. Ce bonheur tranquille s’impose avec le ralentissement du rythme aux vers 31, 32, 33, 34, 35 et 36 qui culmine avec « Ouessant » (vers 36). Pourtant, dès ce passage est introduite une note inquiétante au vers 35 : « l’Arsenal », « dépôt d’armes ». Peu à peu, le poème va se renverser.
Le basculement se fait au vers 37 avec un cri de douleur beaucoup plus rauque que tendre. La guerre fait irruption dans le bonheur amoureux et le ton change. La familiarité du début s’efface.
Dans ce poème, l'amour a la capacité d'engendrer autour de lui un environnement positif. Le paysage devient le miroir du bonheur mais aussi du