Barthe
Pour comprendre le Degré zéro de l’écriture, il faut tenter d’appréhender les rêves et les désirs qui le fonde. Il nous faut donc, pour commencer, revenir précisément sur le moteur du livre barthésien :l’espoir de dépasser dans un élan dialectique l’opposition de la langue et du style, rêve d’explications de la littérature à travers le cadre de l’Histoire marxiste. Le livre ce veut une tentative pour concilier les deux dimensions principales de la littérature ( la langue et le style) à travers l’invention d’une troisième : l’écriture. Nous entamerons donc notre réflexion par une définition de ces trois notions ainsi que des enjeux dont elles font l’objet. A. L’opposition de la langue et du style
Commençons par définir la langue : elle représente la dimension historique et idéologique de la Littérature. « Code de prescriptions et d’habitudes commun à tous les écrivains d’une époque » , elle n’est pas l’objet d’un choix de l’écrivain mais un horizon commun à tous les hommes qui marque les limites à l’intérieur desquelles la littérature peut se faire. Autrement dit, la langue définit les langages que l’écrivain ne peut plus ou ne peut pas encore parler. La langue constitue donc la dimension historique de la littérature : « à travers elle, c’est l’Histoire entière qui se tient ». Sans trop anticiper sur notre propos, on peut remarquer que si la langue appartient à l’Histoire, c’est qu’elle n’appartient plus à la littérature : pour Barthes la langue est « en deça » de la littérature. Elle en définit les limites non le contenu.
A l’inverse, le style témoigne des pensées les plus profondes et les plus personnelles de l’écrivain : « sous le nom de style, se forme un langage autarcique qui ne plonge que dans la mythologie personnelle de l’auteur, dans cette hypophysique de la parole, où se forme le premier couple des mots et des choses ». Le style échappe à l’Histoire, « ses références sont au