Biographie s. beckett
Bible, qui développe chez lui une hantise du péché et de la culpabilité, autant qu’un dégoût profond pour tout ce qui touche le corps.
En 1935, il a écrit en anglais un roman, Murphy
(publié à Londres en 1938).Comme Murphy, Beckett semble « né retraité » : il fuit toute vie sociale et comme son personnage, peut passer de longs moments allongé, dans sa chambre, sur les hauteurs d’un immeuble du quartier Montparnasse. Toute sa vie, il aimera se retirer ainsi du monde, et le fera plus tard dans sa maison en région parisienne, vivant dans la plus profonde solitude, loin des bruits du monde, des mondanités du prix Nobel. à l’image de cette jeune fille dont parle Jung lors d’une conférence à laquelle il a assisté en 1935 : « - Au fond, elle n’était jamais née. », Beckett ajoute dans une confidence à Charles Juliet, en 1968 : « J’ai toujours eu le sentiment que moi non plus, je n’étais jamais né. ».
Lorsque la guerre éclate, Beckett s'engage dans la résistance et manque être arrêté par la Gestapo. Il s'installe alors avec sa compagne dans le Vaucluse. En 1946 il doit retourner en Irlande pour des raisons personnelles. Il transpose dans le soliloque de Krapp, dans La Dernière bande (1959), la révélation que lui apporte une promenade nocturne lors de ce voyage : « Spirituellement une année on ne peut plus noire et pauvre jusqu’à cette mémorable nuit de mars, au bout de la jetée, dans la rafale, je n’oublierai jamais, où tout m’est devenu clair. La vision, enfin. Beckett comprend alors que c’est cette « obscurité », ce magma des pensées et paroles intérieures, qui est la source de son inspiration créatrice. À Charles Juliet, il confie : « Jusque-là, j’avais cru que je pouvais faire confiance à la connaissance. Que je devais m’équiper sur le plan intellectuel.