Camus
1/ Le malaise de Meursault
Meursault est en proie à un malaise qui s’exprime sur plusieurs plans. L’ensemble des modifications physiques et psychologiques qui se produisent vont contribuer à diminuer l’influence initiale du hasard sur les évènements.
La chaleur l’étouffe et semble l’enfermer dans une position d’immobilité qui devient de plus en plus pesante : « J’ai attendu. La brûlure du soleil gagnait mes joues et j’ai senti des gouttes de sueur s’amasser dans mes sourcils ». Seule la mer semble encore s’agiter, puisqu’elle vient « charrie[r] un souffle épais et ardent ».
A l’atmosphère générale étouffante vient s’ajouter un trouble physique du narrateur. Son front lui fait mal, et il sent ses veines battre « ensemble sous la peau ».
2/ Le trouble visuel
Mais parmi ces symptômes de malaise physique, c’est bien la vision qui représente le sens le plus touché. Nous venons de voir que le décor et le temps sont immobiles et de plus en plus intolérables pour le narrateur. C’est au sein de ce décor que la vision se transforme le plus, car Meursault est aveuglé et sa vision se trouble, le plongeant dans l’incertitude : « Je devinais son regard par instants, entre ses paupières mi-closes. Mais le plus souvent, son image dansait devant mes yeux, dans l’air enflammé »
Contrairement à l’image commune de la luminosité, elle est loin ici d’être un facteur de meilleure perception ; bien au contraire, elle engendre la confusion du narrateur « Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l’air de rire ». Et par une perturbation de la vision par le soleil, nous assistons à la transformation du couteau de l’Arabe, qui devient aux yeux de Meursault « une épée brûlante ».
3/ Le basculement de la scène
L’équilibre et l’immobilisme de l’extrait est rompu par le son du revolver, qui marque la rupture en signalant la faute commise par Meursault. Lui-même le saisit immédiatement lorsqu’il déclare : « J’ai compris