cerise
La nourriture
Ventumne, Giuseppe Arcimboldo, 1590
1
Table des matières :
Première de couverture p.1 Préface p.3
2
Cuisson du pain (1883)
Les servantes faisaient le pain pour les dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé, le coude en pointe hors des manches,
La sueur les mouillant et coulant au pétrin.
Leurs mains, leurs doigts, leur corps entier fumait de hâte,
Leur gorge remuait dans les corsages pleins.
Leurs deux doigts monstrueux pataugeaient dans la pâte
Et la moulaient en ronds comme la chair des seins.
Le bois brûlé se fendillait en braises rouges
Et deux par deux, du bout d’une planche, les gouges
Dans le ventre des fours engouffraient les pains mous.
Et les flammes, par les gueules s’ouvrant passage,
Comme une meute énorme et chaude de chiens roux,
Sautaient en rugissant leur mordre le visage. Les Flamandes, Émile Verhaeren
Ce poème a été publié en 1883 et écrit par Émile Verhaeren ( 1855-1916) écrivain belge. Il est extrait de l’œuvre Les Flamandes consacré à son pays natal, la Belgique. Accueilli avec enthousiasme par l'avant-garde, l'ouvrage fit scandale au pays natal. Ses parents essayèrent même avec l'aide du curé du village d'acheter la totalité du tirage et de le détruire. Le scandale avait été un but inavoué du poète, afin de devenir connu plus rapidement.
Nature morte, pain et fruits
Huile sur carton réalisé par René Beeh en 1886. Cette œuvre illustre ce poème notamment avec la phrase : « Et la moulaient en ronds comme la chair des seins » (v.8)
La cuisine (1900)
Dans la cuisine où flotte une senteur de thym,
Au retour du marché, comme un soir de butin,
S’entassent pêle-mêle avec les lourdes viandes
Les poireaux, les radis, les oignons en guirlandes,
Les grands choux