Cioran
Emile Michel CIORAN
Toute civilisation connaît un début et une fin. Les hommes qui l'habitent reprennent les récits d'origine pour expliquer, justifier la société dont ils font partie. Ces récits sont fédérateurs pour l'unité des hommes dans le quotidien de cette civilisation. Mais un jour, la désunion s'installe sous une forme ou une autre, le corps social comme doutant de son bien fondé, est amené à se dissoudre, à disparaître.
Tout d'abord, toutes les sociétés ont en commun d’avoir inventé une mythologie particulière, un récit fondateur qui répond à leurs questions. Cette mythologie originelle est la signature identitaire d’une communauté et la source de tous ses rituels. La civilisation romaine est un bel exemple académique : la fondation de Rome par Romulus et Rémus, d'origine divine explique la prospérité dont Rome bénéficia durant sa phase de croissance et sa période de maturation. L’assassinat de Rémus par Romulus pour cause de désobéissance est la trame de fond de toute l'histoire romaine : le pouvoir se fait respecter en imposant la mort aux désobéissants. De la royauté à la république, le pouvoir reste ferme mais se partage entre plusieurs hommes animés des mêmes principes. L'empire devient la perversion du pouvoir, les Romains finirent par douter de la légitimité de leurs empereurs. La solidarité s'effondra, ainsi que l'empire.
Ensuite, Hitler déclarait : « La grande masse de la population allemande a besoin d'une idole » et c'est autour de cette idole, de cette personnalité dite exceptionnelle incarnant des valeurs héroïques qu'est né le IIIe Reich. A la fin du XXe siècle, le nationalisme allemand émerge. Hitler a été suffisamment habile pour reprendre cette conception, et l’imposer. Le Führer a connu son apogée où il a été obéi, suivi, et même adulé par tout un peuple pour ensuite laisser place à la désillusion. Ce sont les abus et les échecs militaires qui ont