I)1)Il convient tout d'abord de rappeler une nouvelle fois que nous sommes au début d'une pièce qui s'appelle Cléopâtre, or, Cléopâtre n'apparait en chair et en os que dans la quatrième scène de l'acte 1. A titre de comparaison, dans la pièce de Shakespeare, Antoine et Cléopâtre, on a d'emblée affaire aux deux héros de la pièce, dès la scène 1 de l'acte 1. Alors déjà, première observation, et on aurait envie de dire première démarcation par rapport à l'œuvre de Shakespeare, Sardou ne nous fait pas entrer de suite dans le vif du sujet, puisque son sujet, et il l'annonce clairement dans son titre, c'est Cléopâtre, sous les traits de celle qui est une véritable idole théâtrale à ce moment là: Sarah Bernhardt. Là est le défi de Victorien Sardou pour le début de sa pièce: comment va-t-il donner du souffle à cette 3ième scène sans sa plaque tournante? Précisons que cette scène est longue, du moins sur le papier, car elle s'étend sur 9 pages, elle est donc la plus longue de l'acte (avec la scène 5). Le premier échange entre Antoine et le gouverneur nous donne d'emblée la teneur que prendra cette troisième scène, [citation] Antoine:"Eh bien gouverneur, où est cette reine d'Égypte que tu nous as promise?" "Daigne encore attendre Triumvir. Elle ne peut tarder à paraître" une scène placée sous le signe de l'attente de celle qui s'approprie tout l'enjeu dramatique. Cléopâtre apparaît comme le centre des préoccupations de tous, elle est celle qui détient les clés pour enfin démarrer cette pièce, effectivement, comment un spectacle pourrait-il réellement commencer sans sa grande attraction? Bien qu'absente, Cléopâtre monopolise déjà les débats, et même si elle ne fait pas encore l'unanimité auprès de tous, son personnage "enrobe" et prend déjà le dessus sur la pièce. Sardou mise donc sur l'effet de l'attente pour disposer les jalons, et ainsi préparer l'arriver de sa reine. Cette attente est ici incarnée par le sablier. Celui-ci est un acteur majeur de la scène, car si la chute