(Colonel chabert) theatre entre derville et la comtesse
D- Madame, Je viens causer avec vous d’une affaire assez grave.
(D’un ton ironique)
C- J’en suis désespérée, M. le comte est absent…
D- J’en suis enchanté moi madame. Il serait désespérant qu’il assistât à notre conférence. Je sais d’ailleurs par Delbecq que vous aimez à faire vos affaires vous-même sans en ennuyer monsieur le comte.
C- Je vais faire appeler Delbecq alors.
D- Il vous sera inutile. Ecoutez madame, un seul mot suffira à vous rendre sérieuse. Le comte Chabert existe.
C- Est-ce en disant de semblables bouffonneries que vous voulez me rendre sérieuse ?
(Il la regarde droit dans les yeux)
D- Madame, vous ignorez l’étendue des dangers qui vous menacent. Je ne suis pas homme à me charger des mauvaises causes, vous le savez. Si vous vous opposer à notre inscription en faux de l’acte de décès, vous perdrez le premiers procès ainsi que tous les autres.
C- De quoi parlez-vous ?
D- Des lettres du colonel Chabert que vous avez reçu avant votre deuxième mariage.
(Avec colère)
C- Cela est faux ! Je n’ai jamais reçu de lettre du comte Chabert, et si quelqu’un dit être le colonel, ce ne peut-être qu’un imposteur! Napoléon m’a envoyé ses condoléances et je reçois encore trois milles franc de pension. J’ai eu mille fois raison de repousser tous les Chabert qui sont venu comme je repousserai tous ceux qui viendront !
(Froidement)
D- Ecoutez, La preuve de la remise de la première lettre existe, madame, elle contenait des valeurs.
C- Oh! Pour des valeurs, elle n’en contenait pas.
(En souriant)
D- Vous avez donc reçu cette première lettre. Vous tombez dans le premier piège que vous tend un avoué et vous croyez pouvoir lutter avec la justice…
(La comtesse est gênée puis reprend son sang-froid)
C- Puisque vous êtes l’avoué du prétendu Chabert…
D- Madame, je suis aussi votre avoué. Croyez-vous que je veuille perdre une clientèle aussi précieuse que l’est la vôtre ? Mais vous ne m’écoutez pas…
C- Parlez, monsieur.