« Colonisation = chosification » aimé césaire
I. La voix des colonialistes
Les arguments colonialistes sont annoncés anaphoriquement par un verbe ou une formule de présentation : après le neutre « On me parle », Césaire choisit des expressions de plus en plus négatives : « On me lance à la tête » (violence et arrogance du colonialiste), « On m’en donne plein la vue », « On se targe » (arrogance et mauvaise foi). Il s’agit de discréditer les arguments présentés par l’adversaire.
Le premier argument est d’ordre social : « progrès, réalisations » dans les domaines de la santé et du niveau de vie.
Le second argument, d’ordre économique, concerne le développement des infrastructures.
Le troisième argument est aussi d’ordre économique et met l’accent sur la croissance de l’agriculture exprimée en « tonnage de coton ou de cacao » − Césaire précise : « exporté » −, et en « hectares d’oliviers ou de vignes plantés » (productions méditerranéennes).
L’argument moral politique, humanitaire, est l’argument le plus important : « On se targue d’abus supprimés », de « tyrans locaux mis à la raison ».
Cette série se clôt par le mot « civilisation » qui résume, au dire des colonialistes, les apports de l’Europe aux pays sous sa domination.
En réalité, Césaire ne voit dans ces prétendus progrès qu’une ignoble régression.
II. La voix de Césaire
En usant également de l’anaphore, Césaire porte la contradiction de façon personnelle et accusatrice. « Moi, je parle », dit-il. Face au « on » anonyme qu’il a choisi pour désigner ses adversaires, le poète se lève, seul, et sa