Commentaire cned montaigne les cannibales
C’est en humaniste que Montaigne aborde la question de l’Autre : cette question est pour lui l’occasion de renouveler le champ des interrogations que la découverte du Nouveau Monde a suscitées.
a) L’intérêt bienveillant envers les habitants du Nouveau Monde
La perception de l’Autre compte, il faut ici le rappeler, parmi les interrogations majeures des penseurs de la Renaissance : dès les premiers écrits de Christophe Colomb, la découverte du Nouveau Monde stimule une curiosité qui, chez les humanistes, est teintée de bienveillance.
Les humanistes reprennent notamment à leur compte la célèbre phrase de Térence, dramaturge latin du IIe siècle avant Jésus-
Christ : « Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger
». Le texte de Montaigne témoigne ici de cet intérêt bienveillant.
Il désigne ainsi par des démonstratifs ces terres nouvelles : « cette nation », « ces contrées-là ». Ces démonstratifs manifestent l’éloignement en même temps qu’ils mettent en relief les « nouvelles terres ».
L’ensemble du texte est construit sur un élargissement progressif du champ de vision. On observe une gradation dans la désignation du
Nouveau Monde : Montaigne emploie d’abord le singulier (« cette nation
»), puis le pluriel (« nouvelles terres »), et choisit finalement une expression de portée universelle : « au monde » (derniers mots).
b) L’interrogation sur la culture
Nous avons vu, dans les cours d’introduction, l’intérêt et la confiance que les humanistes accordent à la culture, le moyen qui permet la promotion de l’homme. C’est dans cette perspective que Montaigne aborde le thème de l’Autre, considéré sous l’angle d’une question : les « cannibales » sont-ils moins hommes parce qu’ils ne partagent pas la culture européenne ? Ce thème est majeur dans le texte, il renvoie aux « opinions et usages » d‘un pays, c’est-à-dire à ses moeurs et à ses croyances. La métaphore optique de la «mire