Commentaire du Père Goriot
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On découvrait cette pièce par son odeur de déchaînement. Son goût âcre et son crissement aigu. Ce petit atelier bas de plafond duquel tombait régulièrement quelques gouttes, puait le renfermé, la saleté et pourtant l'art. Elle pouvait donner l'impression d'avoir vécu de longues années dans l'oubli, pourtant toujours occupés par quelques fous passionnés. Le petit chevalet au bois rongé par le temps ne pouvait plus se reposer, très souvent sollicité pour porter l'une de ces toiles vierges que l'on est prêt à décorer de l'art que l'on souhaite lui offrir. Malheureusement le chemin été long avant de faire quelque chose de payant, et cet atelier semblait donner une autre dimension à tous ces tableaux. Une dimension nouvelle, féline mais calme, pessimiste et sale. Surtout sale, car c'est dans cette pièce que la crasse est reine, qu'elle fait sa loi comme nul part ailleurs. Les quelques bougies posés sur le sol pour éclairer la pièce débordaient de cire, ne réchauffant en rien cette atmosphère presque cadavérique. Les murs tapissés de moquette verte tombaient en lambeaux laissant apercevoir quelques bouts de parpaings et de longues fissures risquant la chute du grenier. Cette moquette verte de mauvais goût sentait la moisissure, c'était même à se demandé si parfois quelques termites ou cafards ne commençaient pas à s'y installer. Le plancher avait été brûlé par endroit, laissant percevoir quelques dalles de béton, quelques mottes de terre, et une trappe. Une trappe que jamais personne n'avait osé ouvrir, de peur de réveiller un mauvais esprit ou trouver un maccabé caché sous le plancher. Cette antre ne laissait ouvrir ses portes qu'à certains, uniquement aux personnes considérées comme trop folles, ou trop déséquilibrées, tous les rejetés de la société, ceux qui ont besoin de se vider pour repartir du bon pied. Cependant peu y était resté de peur de ne jamais en revenir comme avant d'y être entré, comme si la pourriture et l'amertume de cette pièce allait les faire