Commentaire Fr
1) Une scène de rencontre
La rencontre est l’un des thèmes omniprésents dans l’œuvre de Koltès, et plus spécifiquement la rencontre inattendue, la rencontre nocturne, la rencontre des hommes perdus et solitaires (Qu’on pense à La Nuit juste avant les forêts ; Dans la solitude des champs de coton,). Ici, pratiquement au milieu de la pièce, cette scène fige l’action pour laisser se libérer la parole. Cet arrêt naît du choix temporel et spatial : Les deux personnages sont suspendus, arrêtés dans leur action par le cadre lui-même : « le banc d’une station de métro, après la fermeture ». Ne pouvant rien « faire », les deux personnages prennent la parole.
2) Un moment de confidence
Le lieu et l’heure incitent également à la confidence : la nuit, l’obscurité (A la fin de la scène, la didascalie marque le retour de la lumière « les lumières de la station se rallument »). Le seul éclairage provient de « petites lanternes blanches » qui donnent un aspect irréel à la scène.
Les deux personnages sont présentés de manière similaire : « assis côte à côte ». L’un et l’autre se retrouvent ainsi dans un même lieu, dans un même état de perdition. Le vieux monsieur est perdu au sens propre d’abord mais également au sens figuré, tant la rupture du quotidien lui ouvre des abîmes insoupçonnés, et Zucco est recherché (cf l’affichette : « Avis de recherche ». Ne pas oublier que c’est une telle affichette qui a donné à Koltès l’envie d’écrire sur Zucco). Dans son histoire, cette scène suit le meurtre de l’inspecteur : « De toute façon, avec le meurtre d’un inspecteur, ce garçon, il est fichu ». Il est probable que le métro constitue ainsi un refuge temporaire pour Zucco.
3) Une scène de quiproquo
En même temps, pour le spectateur cette scène conserve un caractère inquiétant : celui-ci sait qui est Zucco, à la différence du vieux monsieur, et tout le contexte le renvoie à une évidence de violence (le métro, la nuit, le vieux monsieur, image de la « victime » idéale,