Commentaire: ponge "le pain"
Introduction
Le Parti pris des choses est un recueil de poèmes en prose écrit par Francis Ponge (1899-1988) et paru en 1942. Dans ce recueil de 32 textes, Ponge décrit des « choses », des éléments du quotidien, délibérément choisis pour leur apparente banalité (un cageot, une bougie, une cigarette). L'objectif de ce recueil est de rendre compte de ces objets de la manière la plus précise possible, mais pas seulement : la description des qualités physiques de l'objet est comme minée par les propriétés linguistiques des mots qui servent à les décrire. Rendre compte de la beauté des objets du quotidien revient alors en même à temps à jouer avec les mots, c'est objeu, et la description du poème, ludique, devient source de plaisir – c'est l'objoie. La description d'un objet artisanalement produit, le pain, devient alors une rêverie sur l'artisanat qui s'occupe des mots, et le poème se fait en même temps « art poétique », c'est-à-dire un texte poétique qui donne en même temps la recette de la fabrication de la poésie.
Comment une rêverie cosmogonique transforme-t-elle la description d'un objet quotidien en art poétique ?
I. Le pain dans tous ses états
C’est comme souvent chez Ponge une sorte de biographie d’un objet quotidien : de la naissance à la mort. Quatre paragraphes : deux concernent la description du pain – et deux les actes de production et de consommation.
A) Une description
Propriétés du pain : la rudesse de la croûte et la mollesse de la mie. Faire voir au lecteur le caractère sensible de ces éléments. Et les sens qui sont de la partie sont principalement la vue (« impression quasi panoramique » ; « la lumière »), le toucher (avec le contraste de la croûte « Durcissant », et de la mie « mollesse », qui finit par se désintégrer « Friable » quand le pain rassit), et le goût (« bouche ») – il est vrai qu’il est difficile d’entendre le pain. Pas d'odorat (se demander