Commentaire souvenir de la nuit du 4 de victor hugo
Hugo se tient, apparemment du moins, au plus près des faits bruts. Pendant le coup d'Etat, un enfant (nommé dans la réalité Boursier et âgé de sept ans et demi) a été abattu dans une rue de deux balles dans la tête. Ramené chez lui, le corps sans vie est déshabillé pour être l'objet d'une rapide toilette. Le poème est donc tout près ici de la forme narrative : il " raconte " les suites d'un événement. Il forme en lui-même un épisode que le lecteur peut aisément, avec un peu d'imagination, replacer dans une chaîne d'actions : l'émeute, l'arrivée des soldats, les tirs, l'agonie de l'enfant, le retour du corps porté par des amis et, plus tard, les funérailles au petit matin. Mais l'écriture poétique porte le récit bien au-delà du fait divers. La scène sert en réalité une argumentation politique dont le peuple est l'enjeu.
1. Roman ou poésie ?
Les 9 premiers vers se tiennent dans une proximité étonnante avec la prose du récit. La plupart des alexandrins forment une totalité close sur elle-même. Leur unité sémantique est renforcée, sur le plan syntaxique, par un point ou un point virgule. Les notations réalistes tirent cette entrée en matière vers la description romanesque. L'" œil " se porte alternativement vers le corps et vers le logis. L'un s'offre au regard dans le dénuement de le mort toute récente. L'autre est d'une simplicité extrême comme si Hugo cherchait l'accord parfait de l'habitant sans vie et de son logis, d'un être et d'un lieu.
Le cadre de l'action doit dire quelque chose sur les acteurs. C'est pourquoi, avec une remarquable économie de moyens, Hugo précise les qualités du décor à l'aide de quatre adjectifs descriptifs qui se complètent : " propre, humble, paisible, honnête " (vers 2). Bientôt ces notations seront plus complètes : un " portrait " constitue la seule décoration ; une " armoire en noyer ", l'essentiel du mobilier ; une cheminée apporte un peu de chaleur. Convaincu de la simplicité, de l'honnêteté et du pacifisme, bref