Commentaire sur le matin du monde de jules supervielle
Le commentaire qui suit est le résultat du travail de Daniel Lefèvre, agrégé de lettres classiques, avec ses élèves d'hypokhâgne du lycée Malherbe de Caen.
Il est ici librement mis à la disposition des élèves de lycée, hypokhâgneux, étudiants et profes- seurs, pourvu que cet usage demeure dans le partage culturel gratuit, hors de toute pratique com- merciale. Jules Supervielle, Le matin du monde
Le matin du monde
Alentour naissaient mille bruits
Mais si pleins …afficher plus de contenu…
Le monde décrit par Supervielle n'a donc rien de l'étrangeté abrupte et brutale qui caractérise, par exemple, l'univers pictural d'un Max Ernst ou d'un Yves Tanguy. Mais il est en même temps constamment im- prégné de mystère. C'est ainsi que dans la partie centrale du poème, le « cheval blanc », qui se détache comme une sorte de figure de premier plan, est à la fois celui, bien réel, des pampas sud-américaines que Supervielle connaît bien, et celui qui, « comme en plein ciel », s'envole, à la manière de Pégase, le cheval sacré de la my- thologie, « tout entouré d'irréel …afficher plus de contenu…
»
Le passé-simple est en français le temps du passé accompli. Il présente l'action comme terminée et révolue ; il nous rappelle ici que cet instant magique de l'aurore est fugitif, que le temps, un instant suspendu, s'est remis à couler. Le paradis terrestre, qui nous avait été rendu pendant un moment, est redevenu un paradis perdu. Il n'en reste au fond de la mémoire qu'un souvenir à demi rêvé, semblable au reflet des étoiles qui s'efface à l'aurore sur la surface des « eaux parlantes ».
Conclusion
A la fois confidentiel et cosmique, aussi limpide que mystérieux, ce matin du monde, avec des mots