Communication
Par Dominique WOLTON Laboratoire Information, Communication et Enjeux scientifiques Centre national de la recherche scientifique (France) Membre du Haut Conseil de la Francophonie Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs, Chers amis, chers collègues, Depuis de nombreuses années, je m’intéresse aux rapports entre la culture, la communication et la politique. L’information et la communication sont, à mes yeux, des valeurs humanistes et démocratiques : ce sont des enjeux de paix et de guerre pour le 21e siècle. Je cherche donc à déterminer les conditions qui permettront, dans l’équation de la mondialisation, de sauver demain ces dimensions d’humanisme et de démocratie inhérentes à la culture, à l’information et à la communication. Grâce aux outils de communication, le monde devient de plus en plus petit ; c'est la fin des distances physiques. Pour autant, ce qui surgit ne ressemble en rien au fameux « village global » dont nous rêvions dans les années soixante : ni compréhension entre les hommes, ni plaisir à être ensemble. Ce qui surgit, c'est au contraire une extraordinaire différence culturelle, religieuse et philosophique. Autrement dit, la fin des distances physiques révèle l’étendue des distances culturelles. Face à ce constat, il ne reste qu’une alternative : ou bien les hommes, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, apprendront à se respecter et à construire ensemble une cohabitation culturelle respectueuse des différences − thèse optimiste ; ou bien − thèse pessimiste −, la différence sera insupportable, comme elle l’a toujours été dans l’histoire de l’humanité. En conséquence, cette visibilité plus grande des différences culturelles, au lieu de favoriser un rapprochement des cultures, des religions et des civilisations pourrait bien, au contraire, s’avérer être un accélérateur de haine et d’incompréhension. Aura-t-on des guerres, au nom de la culture, au nom de la religion, au nom