Conscience selon rousseau.
Grâce au ciel, nous voilà délivrés de tout cet effrayant appareil de philosophie : nous pouvons être hommes sans être savants ; dispensés de consumer notre vie à l'étude de la morale, nous avons à moindres frais un guide plus assuré dans ce dédale immense des opinions humaines. Mais ce n'est pas assez que ce guide existe, il faut savoir le reconnaître et le suivre. S'il parle à tous les coeurs, pourquoi donc y en a-t-il si peu qui l'entendent Eh ! c'est qu'il parle la langue de la nature que tout nous a fait oublier. La conscience est timide, elle aime la retraite et la paix ; le monde et le bruit l'épouvantent ; les préjugés dont on l'a fait naître sont ses plus cruels ennemis [...], le fanatisme ose la contrefaire et dicter le crime en son nom.
Émile ou De l'éducation (1762), livre IV, GF-Flammarion, 1966, pp. 378-379.
Le problème posé par le texte
Il est facile de constater la diversité historique et géographique des moeurs («dédale immense des opinions humaines »). Peut-elle constituer un argument contre l'idée qu'il existe des principes moraux universels, susceptibles de guider tous les hommes de la même façon ? Autrement dit, la diversité des moeurs peut-elle justifier un relativisme qui rendrait incertaine l'idée même de moralité ?
Par le terme de « conscience », le texte désigne donc exclusivement la conscience morale.
• Le raisonnement
C’est un fait que chacun entend en lui-même la voix de sa conscience qui lui dicte son devoir.
Quelle est la nature de cette voix ?