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Documents
A – Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835.
B – Émile Zola, Germinal, 1885.
C – Guy de Maupassant, Bel Ami, 1885.
D – Victor Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874. m Dans
chacun de ces textes, de quelle manière les romanciers donnent-ils, à travers leurs personnages, une image de la société ?
Après avoir répondu à cette question, vous devrez traiter au choix un des trois sujets nos 26, 27 ou 28.
Document A
Sous la Restauration, durant le règne de Louis XVIII, en 1819, la duchesse de Langeais, aristocrate de haut rang du faubourg Saint-Germain, raconte à son amie, madame de Beauséant, le parcours d’un certain
M. Goriot dont elle déforme systématiquement le nom.
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– Oui, ce Moriot a été président de sa section1 pendant la
Révolution ; il a été dans le secret de la fameuse disette, et a commencé sa fortune par vendre dans ce temps-là des farines dix fois plus qu’elles ne lui coûtaient. Il en a eu tant qu’il en a voulu. L’intendant de ma grand-mère lui en a vendu pour des sommes immenses. Ce Goriot partageait sans doute, comme tous ces gens-là, avec le Comité de Salut public. Je me souviens que l’intendant disait à ma grand-mère qu’elle pouvait rester en toute sûreté à Grandvilliers, parce que ses blés étaient une excellente carte civique. Eh bien ! ce Loriot, qui vendait du blé aux coupeurs de têtes, n’a eu qu’une passion. Il adore, dit-on, ses filles. Il a juché l’aînée dans la maison de Restaud2, et greffé l’autre sur le baron de Nucingen3, un riche banquier qui fait le royaliste. Vous comprenez
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bien que, sous l’Empire4, les deux gendres ne se sont pas trop formalisés d’avoir ce vieux Quatre-vingt-treize5 chez eux ; ça pouvait encore aller avec Buonaparte6. Mais quand les Bourbons sont revenus, le bonhomme a gêné monsieur de Restaud, et plus encore le banquier. Les filles, qui aimaient peut-être toujours leur père, ont