Cour liberté
Toutes critiques ont en commun de refuser l’introduction de la contingence dans le domaine psychologique de la volonté. Mais ces critiques sont faites au nom & à partir de conceptions différentes de la liberté humaine.
► La critique de Leibniz porte sur la liberté d’indifférence proprt dite : voici ce qu’il écrit dans sa Conversation sur la liberté et le destin : « le cas d’une parfaite indifférence qui est celle de l’âne de Buridan entre deux prés qui se laisse mourir, est imaginaire, la parfaite égalité de part et d’autre ne pouvant jamais se rencontrer. » L’état d’indifférence n’existe pas, c’est un état fictif, imaginé pour les besoins d’une thèse qui méprise le principe de raison suffisante (revoir dans le cours, I, A, 2).
► La critique empiriste porte sur le libre arbitre ou sur la liberté comme attribut de la volonté : revoir Hobbes (II A, 1). Or pour les empiristes, la liberté caractérise l’agent physique, & non sa volonté ; sa volonté produit seulement des « volitions », des choix, des décisions, toutes choses qui ne sont que des pensées ; sa liberté produit plutôt des actes au sens physique du terme. Aussi, un homme est libre aussi longtemps & aussi loin qu’il peut faire physiquement ce qu’il veut, agir conformément à ses propres volontés. On ne peut donc pas dire que l’homme est libre en général, essentiellement, ou par essence : un homme est libre à condition de pouvoir faire effectivement ou physiquement ce qu’il veut faire ; il n’est pas libre pour la raison qu’il veut faire ce qu’il veut faire, pour la raison qu’il choisit quelque chose. C’est ce que développait déjà John Locke dans ses Essais sur l’entendement humain (II, ch.XXI). Un siècle plus tard, Hume reprendra la même idée, cf. texte n° IX, p. 91-92 : « Par liberté, nous pouvons seulement entendre un pouvoir d’agir ou de ne pas agir selon les déterminations de la volonté ; c’est-à-dire, si nous choisissons de