Critique - "stupeur et tremblements" amélie nothomb
Premier écrit, première apparition, première lecture, premier succès! Pour son premier roman, Amélie Nothomb frappe fort. Elle n’aura vraiment emprunté le style de personne. Un auteur avec une plume acérée, intelligente et assurée. Fille de diplomate, elle est née à Kobe au Japon en 1967. Elle est emmenée de pays en pays. Elle connaîtra successivement les chocs culturels de la Chine communiste, de l'Amérique capitaliste et du Bangladesh tiers-mondiste. Derrière ces beaux voyages et cette belle apparence, se cache une enfant heureuse mais une adolescente en souffrance, qui refuse les métamorphoses de son corps. Elle nous confie dans « Biographie de la faim » qu'elle devient anorexique par haine de ce corps , qu'elle le trouve horrible au point de vouloir le détruire. Elle tentera même de brûler ses seins! Une souffrance qu'on pourra ressentir tout au long de la lecture et qui inspire les fantasmes de Prétextat Tach.
Prétextat Tach est un prix Nobel de littérature. A 83 ans, il se meurt d'un cancer des cartilages. Cinq journalistes se relaient à son chevet pour en connaître davantage sur l'auteur étrange, en quête de confidences et de révélations. Les quatre premiers se retrouvent dans une sorte de jeu de massacre où l'écrivain s'amuse à les insulter, à les dominer et les désarçonner par ses paradoxes : heureux de ne pas être lu « Voyez-vous le sommet du raffinement, c'est de vendre des millions d'exemplaires et de ne pas être lu», ou vantant sa gentillesse, son extrême bonté, etc. Seule la cinquième, Nina, grâce à son éloquence, son obstination et sa finesse d'esprit, aura gain de cause. Elle parviendra à faire perdre ses moyens de défense à ce monstre misogyne, misanthrope et obèse. Elle arrivera à lui faire avouer et raconter l'indicible.
Six personnages, mais deux seulement qui retiennent l’attention. D’abord lui, un artiste couvert d’honneurs mais qui cache un secret inavouable, donc qui vit dans le mensonge ou la mauvaise foi, ce qu’il