Lorsque je fis face à la toile, je remarquai tout d’abord la façon étrange avec laquelle elle avait été peinte: en effet, la toile était constituée de centaines, peut-être de milliers de tâches de peintures, bien distinctes les unes des autres. Individuellement, ces tâches de peintures restaient des tâches de peintures tout à fait basiques. Cependant lorsque je reculais l'ensemble de ces tâches prenaient une forme autrement plus belle et impressionnante : l'éblouissante rivière d'Epte près de Giverny, entourée d'une forêt éclatante de teintes allant du blanc au vert en passant par le jaune. Et c’est cette façon de peindre à première vue anodine qui fait tout le caractère de la toile : la simple tâche verte devient une feuille verdoyante ou un roseau que le vent courbe le long de la rivière, dont le bleu de l’eau se mélange au reflet des arbres et du ciel, créant un somptueux dégradé de couleurs. Enfin, une percée au sein de cette forêt fait apparaître un ciel resplendissant, sans nuage, plus vrai que nature
Car Claude Monet, ce grand parmi les Grands, en plus de parvenir à éblouir le spectateur par des teintes resplendissantes, parvient également à créer un effet de mouvement dans sa toile. De manière toujours aussi surprenante, ce sont les taches de peintures, dont je parle tant, peintes à l'horizontale, qui donnent réellement vie à la toile. J’ai d’ailleurs honte de résumer la manière dont elles sont été appliquées par « peintes à l’horizontale », car la véritable manière dont ces tâches ont été appliquées est bien plus complexe qu’elle en a l’air et je fais insulte à ce grand peintre qu’est Monet en résumant ainsi son œuvre. Il n’en demeure pas moins que grâce à ce procédé, j’eus la sensation que la toile prit vie . Ce n’était plus un tableau mais un film. Je voyais le feuillage des arbres ainsi que les roseaux s’agiter dans la même direction, secoués par une brise légère.
Comment retranscrire les émotions qui m’envahirent à cet instant précis ? Je savais que