Culture sous culture contre culture
Le travail immense fourni par l’anthropologie structurale a permis de comprendre à quel point le concept de culture, comme synonyme de civilisation, est marqué par la diversité. Il n’y a pas une culture humaine, explique Lévi-Strauss, mais des cultures humaines. Il y a autant de visages de l’humain qu’il peut y avoir de cultures, sous la forme de leurs langues, de leurs traditions, de leurs mœurs. Le XVIII ème siècle, fier de sa techno-science, avait cru pouvoir revendiquer le monopole de la culture, en laissant tout ce qui n’entrait pas dans son cadre, dans la catégorie informe des « barbares », des « sauvages », des « primitifs ». Nous savons aujourd’hui que le modèle culturel occidental n’est qu’un modèle parmi d’autres.
Mais cette reconnaissance de la diversité culturelle a aussi eu pour conséquence la relativisation extrême de la notion de culture. On passe aisément du traditionnel au tribal et du tribal au social. L’homme postmoderne a été habitué à considérer comme culture tout et n’importe quoi : de la « culture pub », aux tags sur les murs, du piercing, à la tenue vestimentaire, de la musique de fond de supermarché, en passant par son rayon disque et article ménager, tout se vaut, tout est "culture".
Du coup, nous ne savons plus du tout comment situer l’ancienne définition de l’homme cultivé. L’homme cultivé, qui était le modèle de référence de la pensée classique, c’était l’homme initié aux plus hautes œuvres de l’esprit, celui qui avait fait ses humanités, comme on le disait autrefois. Pour être cultivé, il fallait avoir reçu en partage un bagage philosophique solide, une éducation artistique, une connaissance des langues, des éléments fondamentaux du savoir scientifique, des repères historiques, une connaissance élémentaire de la religion, une ouverture sur d’autres cultures. Il n’est que trop évident dans notre monde actuel que cette définition de l’homme cultivé est devenue très