Dada
Dada est un mouvement radical. C’est une remise en cause globale des valeurs esthétiques, morales, politiques, religieuses, évidemment, idéologiques.
C’est l’affirmation :
a. de la valeur de l’extravagance.
La valeur vient à l’œuvre de sa non-conformité (aux mœurs, aux goûts, aux comportements, aux idées ordinaires.). "Extravaguer", c'est errer hors du chemin (hors des "sentiers battus", de la voie rectiligne d'une raison sans fantaisie) Ainsi, par exemple, de Cadaeu (1921 Tate Gallery, Londres) de Man Ray qui se trouve être un fer à repasser dont la semelle est munie de pointes ! Ainsi encore de cet « événement » de Philippe Soupault, le poète, qui accroche au mur un miroir auquel il donne pour titre : Portrait d’un Imbécile. Ou encore cette Sainte Vierge de Picabia (1920) qui consiste en grosses taches d’encre avec éclaboussures. Ou enfin Duchamp Prière de toucher (1947 Emboîtage du catalogue de l’exposition Le Surréalisme de 1947, (caoutchouc mousse sous verre). L’extravagance ne venant pas de la présentation d’un sein de caoutchouc ni même du « prière de toucher » qui l’accompagne et qui va à l’encontre de l’impératif mille fois répété sur le mur de tous les musées du monde, mais bien plutôt de la barrière de verre qui empêche précisément qu’on puisse se rendre à l’injonction de toucher.
b. La référence allusive.
La valeur vient à l’œuvre, en outre, de la référence à un passé qu’elle exclut. Faire des taches sur une feuille de papier est à la portée du premier écolier venu. Pour qu’il s’agisse d’une œuvre d’art, il faut encore que l’écolier ait conscience de ne pas faire simplement des taches. Nommer « La Vierge Marie » cet ensemble de taches, c’est faire allusion à tout un passé de représentations de la Vierge dont on est bien conscient qu’elle, immaculée justement, ne se résume nullement à quelques pâtés d’encre. De la même façon le « Prière de toucher » de Duchamp est aussi un renvoi à ce thème religieux