Daouda
TEXTE C
Lecture d’approfondissement. À remettre à la 9e semaine. Voir le questionnaire à la fin du texte.
Philosophie et religion
«J’ai quatre-vingt-treize ans, et ma foi, qui me tient au corps depuis plus de quatre-vingts ans, se fait de plus en plus interrogation. Mon Dieu pourquoi? Pourquoi le monde? Pourquoi la vie? Pourquoi l’existence humaine?» Abbé Pierre, Mon Dieu… pourquoi?
1.
La religion et la philosophie des Lumières Comme nous le disions dans le texte précédent, la Science avec un grand « S » s’est
aujourd’hui substituée à la religion. Depuis le Siècle des lumières, en effet, la religion a progressivement perdu du terrain au profit de la science. En 1784, à l’apogée des Lumières, le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804) écrit un article de vulgarisation afin d’expliquer le sens du terme qui a donné son nom à cette époque. « Les Lumières », déclaret-il, « marquent la fin de la période où l’homme n’était qu’un enfant. Car c’est être enfant que d’être incapable de se servir de son intelligence sans recourir à une autorité. » « Sapere aude! Ose savoir! », conclut-il. « Aie le courage d’user de ta propre intelligence! » Ces paroles de Kant résument les convictions et les ambitions les plus chères aux esprits éclairés de l’époque des Lumières soucieux de progrès. Elles impliquent que l’homme est mûr pour trouver la vérité sans l’aide d’une autorité, en particulier celle de l’Église et de la philosophie d’Aristote, qui avaient dominé en Europe jusque là. Bref, l’homme serait devenu un adulte qui doit dorénavant se comprendre et comprendre le monde qui l’entoure grâce à la raison et à la science. Aujourd’hui, il semble bien que l’injonction de Kant n’ait pas été parfaitement entendue puisque nous faisons toujours appel à une autorité, à savoir à la science. Certes, du moins en Occident, Dieu et les enseignements de l’Église ont cessé en bonne partie de diriger les hommes et la société. Loin de