De l'institution des enfants
Si l'on se fie au cadre spatio-temporel induit par les premières répliques de la pièce (la Grèce antique), cette scène accumule des anachronismes qui nous renvoient bel et bien au XVIII° siècle français. Relevez-les. Le portrait d'Euphrosine par Cléanthis dénonce les affectations de la coquetterie mondaine : le souci du paraître, la fausse pudeur, la vanité, le mépris, "autant de choses, dira Trivelin, qui font qu'on n'aime que soi". Montrez que ce portrait suit une progression rigoureuse qui nous mène vers des mises en cause de plus en plus graves. A travers les anecdotes rapportées par Cléanthis se profile une société. Vous relèverez les détails implicites ou explicites qui trahissent le caractère hypocrite et superficiel de la vie mondaine. Cléanthis révèle, dans l'acuité de ses observations sur sa maîtresse, nombre de détails qui donnent une idée précise des rapports qu'entretiennent les maîtres et les domestiques. Relevez tout ce qui signale l'indifférence d'Euphrosine à l'égard de Cléanthis puis, chez cette dernière, la curiosité, la jalousie, la malveillance. Déterminez nettement ce qui dans ce portrait manifeste une condamnation morale, sinon politique (ainsi le nous autres esclaves employé lorsque Cléanthis revendique sa "pénétration" à l'égard des maîtres), et ce qui ne semble appartenir qu'à une vengeance de femme. Cette scène de portraits répond au goût de Marivaux pour la "mise en abyme", c'est-à-dire pour "le théâtre dans le théâtre". Que faut-il imaginer du ton ou des mimiques de Cléanthis lorsqu'elle reprend des propos d'Euphrosine ? Pourquoi les travers de celle-ci apparaissent-ils mieux dans les exemples successifs choisis par Cléanthis que dans un véritable portrait moral ? En comparant cette scène avec la scène V, où Trivelin demande à Arlequin de brosser aussi le portrait de son maître, demandez-vous pourquoi il nous faut faire des remarques spécifiques aux femmes dans la relation entre maîtresse et