Le devoir est un impératif qui impose à l’homme d’accomplir ce qui est prescrit en vertu d’une obligation (qui peut-être religieuse, éthique, sociale, etc.). Cette définition requiert d’être analysée. Dire que le devoir est un impératif est équivalent à dire qu’il est un ordre : en ce sens, il instaure une relation de commandement et d’obéissance. L’instance qui commande, ici le devoir, doit être dans une position « transcendante » par rapport à celui qui obéit ; elle doit s’imposer à lui et en aucun cas se confondre avec lui. Ce n’est qu’ainsi que le devoir peut se distinguer des simples tendances et désirs pour jouer le rôle de norme de l’action. Il faut préciser que la « transcendance » du devoir ne signifie pas pour autant séparation puisque cette relation peut se jouer au sein d’un seul et même individu divisé en une partie qui commande et en une autre qui obéit (ce qu’a très bien montré Nietzsche dans ce qu’il appelle la psychologie du commandement). On peut dès lors se poser la question de savoir quelle est l’origine des normes. Ce peut être la religion, ce peut être la société, ce peut encore être l’idée de moralité (ces termes étant souvent indissociables). On peut également se demander au nom de quoi il y a une nécessité du devoir. Pour répondre à cette question, l’idée de Bien s’avère fondamentale ; c’est pourquoi nous éclaircirons la signification de cette idée dans la première partie de ce cours. Avant cela, il est nécessaire d’ajouter une dernière précision quant au devoir. Que celui-ci soit une obligation signifie négativement qu’il n’est pas une contrainte. Si tel était le cas, il serait impossible de ne pas accomplir le devoir ; il serait impossible d’agir contre lui et même de lui résister ; Dire « je dois » reviendrait à dire « je fais » (contre ma volonté). Le devoir ne pourrait plus être source d’évaluation des