1) Diderot propose sans conteste une image très noire de la vie dans les couvents, et de la religion elle-même en illustrant son livre de portraits philosophiques et sociales. Il dépeint d’abord une autorité monastique corrompue, où des femmes elles-mêmes blessées persécutent des jeunes filles dont l’innocence est remplacée par la folie. Cette folie s’immisce en elles, selon Diderot, car soumises à une servitude obligée, elles sont abandonnées de toutes et poussées par leur entourage dans une torture psychologique malsaine. Ces femmes, plongées dans l’enferment et l’ennui (ainsi que dans l’abandon totale des plaisirs physiques), sont confrontées à la solitude, qui pousse elle-même l’être-humain vers la folie car il est une créature sociale qui a besoin du groupe et de contacts. Autour d’elles, il n’y a que des personnes qui leur sont semblables ; elles partagent la même douleur. Mais au lieu de se rassembler autour de celle-ci, elles obéissent et se conforment à ce qu’on leur demande. Elles se soumettent pour ne plus devoir rester seules, pour essayer d’exister. Il présente celles qui dirigent les couvents comme de véritables manipulatrices, usant une fois du chantage affectif, une autre fois du mensonge auprès des autres sœurs pour mieux pouvoir salir l’intéressée. Cependant, elles sont chacune le reflet de déviances mentales, parfois atteintes d’hystérie. C’est une véritable dénonciation que Diderot nous offre, comparant le couvant à une prison, à un gouffre, où toutes celles qui y sont envoyées sont effacées de la société. Cependant, l’un des points marquants est aussi le rapport à la sexualité, que Diderot semble présenter comme un besoin aussi évident que de boire ou de manger. Ce besoin est si fort qu’il contraint les jeunes filles, et finit par les rendre esclaves d’elles-mêmes. Il dénonce alors les pratiques sexuelles entre les sœurs, usant de termes forts, marquants, comme pour ancrer profondément ce qu’il affirme dans le cœur de ses lecteurs, qu’il fait