La dimension spatiale de la pauvreté en Haïti

« Pour lutter contre la pauvreté il faut la situer et l’apprécier dans son contexte spatial »

Constats

La pauvreté est généralement abordée en Haïti sous l’angle de la quantification : extrême pauvreté et pauvreté massive. Le pays connaît une très forte incidence de la pauvreté extrême : 55% de la population vivent avec moins de 1$PPA per capita/jour. La pauvreté est également massive : 76% de la population vivent avec moins de 2$PPA per capita/jour. Le ratio d’écart de revenu pour la pauvreté extrême est de 0.56 : le revenu moyen des pauvres vaut 44% du seuil de pauvreté extrême. La profondeur de la pauvreté extrême est de 0.31. Cette situation rapproche ainsi le pays du score de certains pays africains comme le Burkina Faso, la Gambie ou le Niger. Et tout cela dans un contexte de très fortes inégalités dans la répartition du revenu .La distribution des revenus est très fortement inégalitaire : les ménages les plus riches (dernier décile de revenu) possèdent 68% du revenu total des ménages. Le coefficient de Gini s’élève à 0.65, ce qui fait d’Haïti le pays le plus inégalitaire de l’Amérique et des Caraïbes.
Les études menées depuis plusieurs décennies n’ont apprécié que très partiellement la géographie de cette pauvreté. Cette dernière est appréhendée en fonction du milieu de résidence (urbain/rural) et des départements géographiques relevant en fait du découpage administratif du territoire. Le milieu rural équivaut à la plus forte incidence et la plus forte contribution à la pauvreté 9 pauvres sur dix vivent en dehors de la capitale, avec une très forte concentration en milieu rural (77%). En fait, le milieu rural est particulièrement affecté puisqu’il connaît la plus forte incidence de la pauvreté (P.E. : 59% et P : 82% contre respectivement 20% et 41% dans l’Aire Métropolitaine de Port-au-Prince) et la profondeur de la pauvreté la plus élevée 0.33 contre 0.09 dans la capitale. La carte de pauvreté de