Dissert
Joseph Bironneau
O mer, je ne connais plus délicat plaisir que celui de fouler de mes pieds ton rivage aux endroits tourmentés de la côte sauvage,
Pour peu que le labeur m'en laisse le loisir.
Rien ne m'est agréable autant que de choisir
Parmi tous ces galets, fruits d'un ancien clivage,
Et qu'en expert polit l'incessant avivage
La merveille qui sait répondre à mon désir.
Puis je reprends ma course un moment suspendue,
Le regard fasciné par l'immense étendue
De l'onde qui frémit aux caresses du vent
Et reflète si bien la grand-voûte azurée.
Ah que ne puisses-tu me revoir plus souvent,
Toi qu'au monts orgueilleux j'ai toujours préférée
L'homme et la mer
Charles Baudelaire (1821-1867)
Recueil: les fleurs du mal.
Homme libre, toujours, tu chériras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables!
Il n'y a que la mer (extrait)
( Pierre Osenat)
Vague après vague va la mer,
De mer en mer tangue inlassable, sans virer de cap aux amers au large de l'inconnaissable
Une étoile sur les épaules
Et la voilure offerte auvent, au vent mouillé, venu des pôles
Chanter l'aventure aux vivants.
Elle roule dans sa mouvance
On ne sait qui, on ne sait quoi ;
Car rien n'efface les pourquoi flottant sur l'écume en partance.
Puis la mer poursuit son