* Marx lui-même, après avoir affirmé que le travail sépare l'homme de l'animalité, constate que, dans l'histoire, l'organisation sociale du travail en modifie la réalité. S'il est vrai que "l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes", c'est parce que toute société est scindée en une classe de possédants et une classe d'exploités. Ces derniers, qui ne possèdent pas les moyens de production, doivent travailler, en échange d'un salaire, au profit des possédants. * L'analyse du travail industriel montre que le sens du travail est alors inversé : au lieu d'humaniser, il abrutit. Le travailleur pré-industriel pouvait retrouver une part de lui-même dans son produit ; l'ouvrier, qui ne définit ni les conditions, ni le but, ni les moyens de son travail, ne peut en tirer la moindre satisfaction directe. * De ses considérations historiques, Marx déduit la nécessité de la révolution, comme premier pas vers la libération de l'humanité, mais les politiques qui ont prétendu appliquer ses théories n'ont guère eu de succès dans cette voie. Par ailleurs, le travail industriel, ou "en miettes", doit être repensé à partir de la situation actuelle (chômage, apports des nouvelles technologies) : le chômeur se sent-il "exclu" pour des raisons financières ou parce qu'il devine, dans le travail qui lui fait défaut, la marque de l'humain ? Une alternance se dessine entre temps de travail et temps de formation : annonce-t-elle la fin lointaine de l'opposition traditionnelle entre travail manuel et travail intellectuel? De telles évolutions ne permettent pas d'affirmer une ré appropriation complète du travail par le travailleur, mais elles invitent à considérer une complexité toute