Dissertation juridique
Michel Camau, Gilles Massardier
Cette table ronde n’est pas une énième tentative de classement des régimes politiques selon une échelle où le curseur moral et normatif se déplacerait des « bons » vers les « mauvais » modes de gouvernement selon la tradition aristotélicienne. Certains restent tentés par l’exercice comme le montre la littérature sur la « bonne » gouvernance ou celle sur la
« qualité » de la démocratie. Non, l’ambition est toute autre. D’une part, il s’agit au contraire de voir les types de régimes comme des catégories travaillées par des enjeux de pouvoir et de classement, des catégories travaillées par des usages ou des typifications. Les critères des frontières séparant démocraties et autoritarismes sont alors autant de ressources pour les acteurs sociaux, politiques ou les bailleurs de fonds internationaux. S’il faut retenir un point saillant et commun à toutes les contributions à cette table ronde, c’est bien celui-ci : les critères de définition des régimes politiques démocratiques et autoritaires sont non seulement mouvants mais en plus objets d’un travail politique et social de classement incessant. D’autre part, il s’agit de faire un point, certes non exhaustif, sur les transformations du politics, des policies, et des rapports entre les deux, rapports qui ont conditionné, et conditionnent encore, la définition des régimes politiques, notamment à travers les questions du nombre de ceux qui prennent part aux décisions publiques (pluralisme ouvert ou limité, polyarchie, élitisme, oligarchie) et de leur mode de sélection (élection, cooptation). Il s’agit donc d’observer les recompositions des rapports qu’entretiennent, selon la dichotomie classique, les règles d’accès et de maintien au gouvernement et les formes de la décision, celle de la production et de la distribution des biens collectifs. Enfin, il s’agit bien de sortir des analyses qui ont longtemps eu cours dans la