Malgré sa banalité, l'objet du quotidien n'a eu de cesse d'intéresser les auteurs d'antant et d'aujourd'hui et ce dans tous les genres littéraires. Que ce soit au théâtre avec la pièce intitulée Une vie de chaise sous la plume et le talent de Jacques Rimbert ou dans la poésie avec le receuil de Francis Ponge Le parti pris des choses, l'objet aussi ordinaire soit-il a su s'imposer peu à peu notamment à partir du XIXème siècle. Cependant, une chose si banale qu'est l'objet quotidien peut-il être la thématique centrale d'un poème alors que traditionnellement seuls les sujets nobles y étaient mis à l'honneur ? Ponge disait : « Etant donné une chose – la plus ordinaire – soit-elle – il me semble qu'elle présente toujours quelques qualités vraiment particulières ». On peut se demander, après lecture de ces propos, si la fonction essentielle de la poésie est justement de révéler les « qualités particulières » de ces objets. Doit-elle décrire les choses ordinaires pour leur donner une dimension poétique qu'elles n'avaient pas à l'origine ? Se contente t-elle de décrire et révéler les qualités des objets du quotidien ou leur apporte t-elle d'autres fonctions susceptibles de les sublimer davantage ? Enfin, la poésie n'a t-elle pas d'autres objectifs, d'autres fonctions centrées sur l'homme et ses sentiments ? Jean Cocteau définit dans les termes suivant l'effet que doit provoquer la poésie chez le lecteur : « [elle doit] lui montrer ce sur quoi son coeur, son oeil glissent chaque jour, sous son angle et à une vitesse tels qu'il lui paraît le voir et s'en émouvoir pour la première fois ». Selon lui, la poésie doit donc valoriser l'existence des choses qui sont quotidiennes à ses lecteurs. Ainsi va t-on aborder dans un premier temps cette poésie de l'objet, une poésie à contre courant qui permet au lecteur de reconsidérer les objets de son quotidien. C'est en particulier au XIXème et au XXème siècle que s'impose ce genre innovateur qu'est la poésie des objets