Dissertation philosophique sur l'intériorité
Corrigé
Ce terme est une métaphore ; l’examen de la validité de cette métaphore consiste à se demander s’il s’agit d’un lieu. S’il ne s’agit pas d’un lieu, ce peut être la pensée, le sujet, la conscience, l’identité personnelle… il faut s’expliquer de toutes ces notions et les ordonner en une question.
Le brahmanisme de la tradition upanishad, la sagesse consiste à s’intérioriser le plus possible. Hegel appelle cette pensée une Vertiefung. A l’inverse, dans la pensée bouddhique il s’agit de dissoudre le sujet : il n’est qu’une illusion (Schopenhauer). Chez Schopenhauer, le thème de la souffrance est lié à celui de l’illusion d’un soi qui serait toujours insatisfait. Eliade proposait un néologisme éclairant : là où le brahmane se transcende, ce n’est pas une extase mais une enstase.
L’intériorité est un enjeu traditionnel de la sagesse. Augustin écrit : « Rentre en toi-même. C’est dans l’homme intérieur que réside la vérité. » Husserl évoque ce conseil à la dernière ligne des Méditations cartésiennes, citant saint Augustin, alors qu’il venait de montrer que le vecteur de l’intériorité est l’intentionnalité, projection de la conscience vers ce qui n’est pas elle. Quelle est la validité de la métaphore ? S’agit-il d’une invitation spatialisée à l’inventaire de soi ? S’agit-il d’une illusion ? Bernanos a caractérise le monde contemporain comme « la conspiration universelle contre toute forme de vie intérieure », par le bruit, la vitesse, la multiplication de l’image.
I. Ce qui semble menacer l’intériorité
Montaigne note une distance : « Se trouve autant de différence de nous à nous-mêmes que de nous à autrui. » (Essais, II, 1). A l’alinéa 7 de la seconde Méditation, Descartes note que le « je pense » est évanouissant, et cependant constate une résistance à cet évanouissement : connaître, c’est détacher de soi et s’opposer ce qu’il y a à connaître. Or, dans ce même alinéa, il découvre que la pensée est un