Dans les années 1980, au Québec, plusieurs metteurs en scène font leur apparition en apportant une métamorphose au théâtre québécois tels que Denis Marleau et Robert Lepage. Étant metteur en scène, scénographe, auteur dramatique, acteur et cinéaste, Robert Lepage a révolutionné la scène théâtrale en créant des œuvres originales et brillantes comportant un vocabulaire scénique inventif qui repoussent constamment les limites de l’évolution. C’est le cas pour sa pièce La trilogie des dragons, créée en 1985, qui sera le point de départ de son succès international. Cependant, la mise en scène, La Face cachée de la Lune, est un autre de ses succès qui méritent d’être étudiés attentivement. Peut-on affirmer que, dans cette pièce, les figures du nomade et du sédentaire sont bien représentées? De fait, on verra que ces deux facettes sont concrètement insérées dans ce texte que ce soit par le type de mode de vie que les personnages ont adopté dans leur vie courante ou par leur propre idéologie.

Au premier abord, s’il est possible d’avancer que le texte La Face cachée de la Lune comporte la figure du nomade, c’est d’abord que le comportement et les dires des personnages s’apparentent d’une certaine manière à ce peuple mobile. En effet, l’image du voyageur est clairement représentée par les personnages qui essaient de fuir les cadres rigides déjà établis dans la société et aussi, l’esprit d’indépendance et d’individualisme qui règne chez certains personnages. Ainsi, on peut l’observer par leurs déplacements d’un territoire à l’autre, par leur goût de voyager et même par les abris temporaires. Par exemple, le vocabulaire associé au champ lexical du déplacement est facilement observable, dans le texte, par les mots suivants : « déménageurs », « navigateurs », « déplacer », « vacances », « avion ». L’auteur va jusqu’à citer les paroles de Konstantin Tsiolkovski, un grand ingénieur russe, pour démontrer ce goût de découverte, de nouveauté : « La terre est le berceau de l’homme,